Maroc : Trésor : reprise de l’appétit des investisseurs étrangers



Maroc : Trésor : reprise de l’appétit des investisseurs étrangers

Le Maroc a émis, le 1er mars 2023, des obligations souveraines sur le marché international, pour un montant de 2,5 MM$, et ce, après une levée record de 3 MM$, en décembre 2020. Le papier frais marocain a réveillé l’appétit des investisseurs étrangers pour la dette des marchés africains.

L’année 2023 a été entamée sur de bonnes bases pour le marché financier. Le Maroc a concrétisé son premier emprunt à l’international, et ce, après deux années d’absence. Cette levée en devise d’un Eurobond de 2,5 MM$, sursouscrite 4,6 fois, atteste de la qualité de signature du Royaume dans un contexte défavorable marqué par le retour de l’aversion au risque.

Dans ces conditions positives pour le marché financier, les analystes d’Attijari global research (AGR) annoncent, dans le cadre d’un rapport sur le financement du Trésor en 2023, «un réel retour d’appétit des investisseurs étrangers envers les dettes des marchés africains et ce, après une année marquée par un manque de papier frais. En 2022, seuls trois pays ont eu recours au marché Eurobond, à savoir le Nigeria, l’Angola et l’Afrique du Sud, pour un montant cumulé de plus de 6 MM$».

Comparé aux marchés émergents, le Maroc semble toujours bénéficier de conditions de financement plus attractives, à travers un spread moyen de PDR non négligeable de 213 pbs en 2023. Il intègre ainsi, depuis le début de l’année 2023, le Top-10 des émissions de marchés émergents, après l’Arabie Saoudite (10 MM$), l’Indonésie (3 MM$) et la Turquie (2,75 MM$). Cela dit, selon AGR, la récente levée du Trésor s’avère être en dessous des attentes du marché qui prévoyait un montant supérieur à 3 MM$. «Néanmoins, la forte demande envers le papier neuf et la qualité de la signature du Maroc devraient faciliter la réalisation des tirages extérieurs à l’avenir (plafonnés à 60 MMDH en 2023)», estime-t-on dans ce sens.

Par ailleurs, le timing de sortie du Trésor paraît judicieux. En effet, l’argentier du Royaume a différé la décision de son émission à mars 2023 au lieu du quatrième trimestre 2022, lui permettant d’éviter une phase défavorable marquée par la hausse des spreads de liquidité envers les économies en développement, et profitant d’une accalmie visible de la tendance haussière des taux d’intérêt à l’international.

Le marché plus rassuré
Si la levée à l’international de 26 MMDH rassure le marché financier dans la capacité du Trésor à s’orienter aisément vers l’endettement extérieur, «celle-ci demeure néanmoins insuffisante pour combler ses besoins grandissants en 2023. Ces derniers s’établissent à plus de 230 MMDH pour le reste de l’année», explique AGR.

Cette levée, très attendue, permettrait à CT d’alléger le recours du Trésor au marché intérieur, tenant compte d’une importante tombée durant le mois d’avril (de plus de 35 MMDH). Celle-ci soutiendrait aussi les réserves de change à des niveaux confortables.

De plus, et au-delà de la politique d’émission du Trésor, l’orientation future des taux obligataires est étroitement liée aux décisions de relèvement du taux directeur de Bank Al-Maghrib en 2023. AGR rappelle, dans cette logique, que son scénario prévoit la poursuite, en mars 2023, de la politique monétaire restrictive de BAM. Un scénario conforté par les résultats de son récent sondage opéré auprès des acteurs financiers les plus influents du marché financier national.

Le papier Maroc a la cote auprès des investisseurs internationaux
La dernière sortie du Royaume de la liste grise du GAFI, au mois de février dernier, constitue un signal positif qui devrait soutenir la Banque centrale en vue de l’obtention d’une LCM auprès du FMI. Celle-ci permettrait d’accéder à des financements extérieurs importants à des conditions relativement plus souples. Cette confiance renouvelée se traduit par deux retombées positives, selon AGR. Elle permet de soutenir les niveaux confortables des réserves de change (autour de six mois d’importation de biens et services), rassurant les investisseurs sur la capacité du pays à honorer ses engagements à MLT.

Pour rappel, le Maroc a remboursé un Eurobond de 1,5 MM$ en décembre 2022. La seconde retombée concerne la fourniture d’un coussin de sécurité au Trésor, d’ici la fin de l’année, dans le cas où les conditions de financement, au niveau local et/ou international, se durciraient en 2023. Rappelons que le Trésor avait activé la LPL auprès de BAM, pour un montant de 21 MMDH, en décembre dernier.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO


source: https://leseco.ma/

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